
Un roman à la Zola,
PRIX GONCOURT 2018
Véritable fresque sociale, on suit durant quatre étés, de 1992 à 1998, l'histoire d'adolescents qui rêvent de s'échapper de leur région sinistrée par le chômage, mais aussi d'échapper à la condition de leurs parents.
Anthony, Stéphanie et Hacine sont issus de milieux différents et se croisent à Heillange, ville située dans une vallée de l'Est de la France où les hauts fourneaux ont cessé leurs activités, laissant des hommes usés, sans perspective d'avenir, sombrer peu à peu dans l'alcool.
Eté 1992 : Anthony, fils d'ouvrier au chômage, a 14 ans. Pour tromper l'ennui, il décide avec son cousin, de voler un canoë et de se rendre sur la fameuse plage des culs-nus. Là, il rencontre son premier amour, Stéphanie Chaussoy, issue d'un milieu bourgeois. Au fil des étés, ces ados se croisent, se parlent, flirtent mais on sent, dès le début, un fossé imperceptible se creuser entre eux.
Dès l'école, c'est la gare de triage
Hacine, français d'origine maghrébine, vit de petits trafics dans une cité. A cheval entre deux cultures, il ne trouve sa place nulle part et comme son père, il devra se résoudre à de petits boulots exténuants et mal payés. Le vol de la mobylette appartenant au père d'Anthony est le début d'une rivalité violente entre les deux garçons.
Chacun rêve de partir loin d'Heillange, fuir pour ne pas reproduire le schéma parental. Mais, le déterminisme social est trop fort. Dès l'école, c'est la gare de triage : alors qu'Anthony décroche rapidement, Stéphanie intègre une prépa à Paris.
Malgré tous les efforts de ces jeunes pour s'en sortir, on comprend bien que tout est joué d'avance dans un pays où l'ascenseur social ne fonctionne plus, un pays pris entre nostalgie et déclin, rage et renoncement.
Quelques moments de joie (14 juillet, Finale de la Coupe du Monde de Football) réussissent à les fédérer le temps d'une soirée mais la vie reprend vite ses droits.
Si l'action de « Leurs enfants après eux » se situe dans les années 90, elle n'en reste pas moins d'une actualité criante, puisqu'on y dépeint la fracture sociale et territoriale d'une France désindustrialisée, laissée à l'abandon par les pouvoirs politiques.
Annabelle SCHOR
Commentaires