
Tout le monde a sa lecture des Gilets Jaunes. Chacun leur fait dire ce qu’il a envie d’entendre. L’interprétation est libre, alors profitons-en !
S’il y a un trait d’union à tracer entre les Gilets Jaunes à l’origine de cette mobilisation générale, c’est bien le caractère apolitique, asyndical et, signe des temps numériques, dits “sociaux”, spontané. A ce titre, on peut véritablement parler d’un “mouvement social” d’un nouveau genre, d’un mouvement social 2.0, émanation directe des réseaux "sociaux".
L’ancien monde est totalement à la remorque du nouveau monde. Des partis politiques aux syndicats du XXème siècle, en passant par le monde journalistique, tous offrent une illustration merveilleusement pertinente de la célèbre phrase de Jean Cocteau dans Les mariés de la Tour Eiffel : “Puisque ces mystères nous échappent, feignons d’en être les organisateurs”.
Entre le système médiatique traditionnel et le “système immédiatique” issu du cyberespace, la disruption est profonde. Face au nouveau pouvoir de la multitude, tous les corps intermédiaires qui se situent entre l’individu et l’Etat sont remis en cause. Leur légitimité est bousculée jusque dans le mode de sélection de nos représentants et de nos dirigeants.
Polymorphique et polyphonique, les Gilets Jaunes incarnent une modernité radicale, qui interroge fondamentalement nos institutions.
Les Gilets Jaunes annoncent la couleur ! Qu’ils aient choisi le jaune, qui depuis la création de la Fédération Nationale des Jaunes (1902) par le Franc-Comtois Pierre Biétry (grand-père de Pierre Salinger) désigne les non-grévistes, alors que leurs revendications sont multicolores, montrent bien qu’il ne s’agit pas d’une grève corporatiste de plus, mais d’une mobilisation citoyenne d’une autre nature. Et s'il s'agissait d'une Anti-Grève ?
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